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Actualités

Septembre 2023

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Chers amis, 

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Aujourd'hui, plusieurs choses m'ont émues. 

 

La première : de multiples pensées se sont culbutées dans ma tête. Et m’est venue la permanente conviction: rassemble ces pensées et présente-les à l'Esprit de Dieu. Elles se sont rassemblées après cet acte d'offrande et le seigneur m'a dit: “Reste calme, je suis toujours présent et je veille sur toi." 

 

Je le sais, mais il faut le faire, cet acte de petite offrande journalière. Il porte la paix. 

Il faut le recommencer chaque jour, car l'affolement est inutile et embrouille tout ce qu'on a à faire. 

 

La deuxième a suivi: le cours des choses, c'est le flux de la vie. 

Agir en tout afin de correspondre à l'écoulement favorable de ce flux. Et c'est Dieu, ce flux qui ne s'arrête jamais. 

Tu peux prendre les choses à contre-courant en t'agitant contre telle ou telle chose qui n'arrive pas dans le sens voulu. 

Tu te dis parfois : "Pourquoi untel a-t-il fait cela ? Ça n'aurait pas dû". Les "ça n'aurait pas dû être" empoisonne notre existence. À force d'exprimer les “ça n'aurait pas dû être”, on acquiert de mauvaises habitudes mentales de contrariété et de contradictions d'où découle angoisse et peur. 

 

Comment pouvoir dire “ça vient ou ça ne vient pas? Peu importe”. Pourquoi vouloir à tout prix faire venir ce qui ne vient pas ? 

 

L'empereur Marc-Aurèle, qui n'était pas chrétien, disait de ne pas chercher à vouloir ce qui ne relève pas de ton pouvoir et lui est étranger. C'est évident, non ? 

Août 2021

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La sagesse en cette période d'un temps contrariant que nous vivons, rime avec patience, qui vaut mieux que rage et colère. Certains s'en prennent à tels ou tels qui n'ont pas "fait tout ce qu'il fallait". Comme si, l'on pouvait faire tout ce qu'il fallait, et que c'était dans la possibilité d'humains faisant au mieux ce qu'ils peuvent. Le pire que l'on entend parmi les détractions, ce serait : "Le gouvernement n'a pas su anticiper". Comme quoi, on peut tout reprocher à ceux qui ont autorité pour remédier à certains aspects de la situation, y compris de n'avoir pu anticiper l'imprévisible. En entendant ces protestations, on ne peut qu'être impressionné par leur absence de sagesse et de réflexion. Mieux vaut œuvrer autrement. Quand quelque chose ne va pas, l'évangile nous demande de nous convertir, de voir qu'il y a du mal dans le monde et de nous en prendre à nous-même. Il y a toujours quelque chose à faire pour remédier au mal et elle est toujours efficace ; c'est de changer en nous ce qui peut être modifié. De cesser de reprocher aux autres ceci ou cela dans le mal pour regarder en face notre part de responsabilité (car il y en a toujours une). On dira : dans une épidémie de dimension mondiale, qu'est-ce qu'un petit changement en moi pourrait changer à l'état du monde ? En effet, on n'en sait presque rien, sinon ce qu'affirme l'évangile, à savoir qu'il y a solidarité de tous les humains dans le mal et dans le bien, et que la grâce agit ne serait-ce que si un seul se convertit vraiment. Croyons-le, et agissons en ce sens. Mieux vaut ne pas faire tomber le mal sur tel ou tel responsable supposé, ce qui ne sert à rien, que de faire une petite chose, exigeante, à l'intérieur de soi, à nos yeux, minime, mais par la foi vraiment efficace. En effet, ça semble infiniment plus opportun que toute autre réaction.

Avril 2021

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Pour soi ou pour l’autre ?

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Cette période de covid a du bon. Elle oblige à revenir à soi et à réfléchir sur les fondements de l’existence. Certains se fatiguent et se lassent parce que les occasions d’amusement font défaut : on ne peut plus aller au cinéma et au café, on ne peut plus s’agglutiner aux autres. Soit dit en passant, on remarque que le fait de s’assembler et de vivre en proximité avec beaucoup d’autres fait partie des joies de l’existence. On ne peut pas dire que c’est bon ou mauvais, c’est ainsi. Il y a grand plaisir à se retrouver en nombre sur une place ou pour un concert et de crier en même temps les mêmes slogans ou, tout simplement, de se promener en baguenaudant au milieu de semblables se promenant. On se sent vivre et même revivre avec beaucoup d’autres. C’est une donnée de la vie humaine dont on ressent cruellement l’absence quand on en est privé. Le collectif gouverne l’individuel, et non l’inverse. Dans l’Eglise qui veut dire rassemblement, le fait que les rassemblements soient limités limite la vie religieuse qui est alimentée par le fait qu’elle est vécue au sein d’une dimension collective et de collectivités priant ensemble. Dans le petit nombre, on a, qu’on le veuille ou non, le sentiment de dépérir. Le manque que nous vivons actuellement, sur ce plan, nous afflige et nous rend tristes. C’est ainsi.

Ce n’est pas pour autant que nous allons manquer de vivre ! On peut manquer de choses inhérentes à la vie, mais ne pas oublier pour autant de vivre.

Le covid fait réfléchir sur le sens de la vie dans le recueillement auquel nous sommes obligés sans le vouloir. Des gens réfléchissent. L’occasion nous est donnée. C’est Dieu Lui-même, à travers elle, qui nous la fournit.

En philosophie, car c’est elle qui apporte à une société la réflexion du moment, on voit poindre aujourd’hui une pensée qui a son prix. On peut avoir réfléchi des siècles sans qu’elle ait pu être mise clairement en lumière. Aujourd’hui elle émerge au firmament. C’est celle-ci : il nous faut vivre en frères. Le Pape le rappelle en une belle encyclique. Une philosophe française très réputée, Cynthia Fleury, l’affirme dans ses œuvres centrées sur le souci de l’autre. C’est en se souciant d’autrui qu’on accède à l’humanité. Vous me direz : « On le sait déjà ». Oui mais, c’est une chose de le savoir et autre chose de prendre conscience de l’urgence d’une réalité à prendre en compte. On voit doit émerger avec force le fait qu’il faut d’urgence accéder à plus d’humanité en prenant soin d’autrui. C’est venu par les soins hospitaliers se décarcassant pour soigner les vivants et enterrer les morts, dans une tâche qui devient la base de l’humain, que la société ne voulait pas voir et cherchait à cacher. Là, elle vient au grand jour et nous fait toucher ce qui est fondamental dans la vie socio-humaine : Il faut soigner les malades, nous sommes devenus tous des malades potentiels sur lesquels il convient de veiller, il faut enterrer les morts avec plus d’attention. Bonne nouvelle pour un réveil ! C’est en effet un plan où l’assoupissement guettait. Il fallait le rappel de la pensée pour nous y rendre attentifs.

Un grand généticien, Axel Kahn, nous rappelle dans un petit livre, que je n’ai pas encore lu, le même thème. Je connais seulement le fond de sa thèse. Il questionne : « Où est le bien ? ». Question majeure en effet puisqu’agir en homme, c’est se demander où est le bien pour pouvoir s’orienter en un sens valable et efficace, et non négatif. Sa réponse sonne comme le clairon. Le bien c’est ce qui fait du bien à autrui, ce qui lui apporte du bien. Tout le monde dira : « Bien sûr ». Je pense que ça n’est pas si sûr que ça, d’abord parce que nos contemporains pensent tout autrement. Questionnez-les, il n’y a pas encore si longtemps. Ils disaient faire le bien c’est me faire du bien, me sentir bien, faire ce qui m’est profitable. Du yoga ou de la planche à voile, de la gymnastique ou de l’escalade en montagne, ou une relation qui me plait et m’enrichit. On ne disait pas que c’était l’autre qui était visé prioritairement, mais soi. Quant aux anciens, y compris chrétiens, ils disaient que faire le bien, ça consistait à se régler sur une norme de biens, sur une loi du bien, une morale basée sur une idée générale de Bien embrassant tous les biens. Remarquez, ils ne parlaient pas d’autrui.

L’évangile dit bien qu’il fait aimer Dieu et ensuite et également son prochain plus que soi-même. C’est un commandement. Mais pour concrètement remplir cette obligation d’aimer, il n’y a pas d’autre moyen, nous rappelle l’évangile, que de se rendre attentif à son prochain jusqu’à l’aimer plus que tout et que soi-même, ou, du moins, autant que soi-même, ce qui est déjà plus que nous ne faisons d’ordinaire.

Aimer, c’est évidemment privilégier le rapport à autrui et compatir à son existence et ses préoccupations. C’est délaisser ce qui nous préoccupe de nous-même pour se rendre attentif à ce qui peut soucier l’autre. C’est tout d’abord apprendre à ressentir les sentiments d’autrui et à nous en imprégner. Faire le bien, c’est tout simplement éveiller notre sensibilité, non pour nous plaindre de ceci ou de cela à cause d’une prétendue hypersensibilité qui me rendrait très sensible à mes propres maux et jouissances, mais inverser le rapport faussé d’une sensibilité asservie à soi pour l’élargir à tout ce qui concerne autrui et, par là, faire tout simplement le bien qui commence avec ce que l’on peut faire pour remédier à sa peine et accroître sa joie ou son bonheur d’exister.

Faire le bien, c’est remettre au centre ce qui va améliorer la vie d’autrui. Pas besoin de chercher d’autres critères. Celui-là suffit. Si tu te préoccupes d’apporter du bien à autrui, tu ne risques pas de mal agir, puisque tu as devant toi ce qui va te permettre d’ajuster ton action, non à un commandement extérieur, mais à sa réaction à ce qu’il reçoit de toi, sa parole disant : « Quel bien tu me fais !». S’ il lui arrivait de dire le contraire, tu devrais t’y fier : il te dirait par exemple : « ça ne fait pas de bien que tu sois trop sur mon dos ». Alors, tu comprendrais qu’il faut ajuster ton action à son égard pour qu’elle devienne un complet bienfait reconnu comme tel. Le critère du bien est facile à trouver puisqu’il y a en face de toi une personne qui te dicte ce que tu dois faire et ne pas faire. C’est pour cela qu’autrui est le véritable éducateur du bien, et peut te dire que ce que tu crois faire de bien pour lui, ou bien n’est pas exactement ce que tu dois faire, ou bien est à améliorer, à savoir tout simplement le bien de sa personne.

Joyeuse fin de Carême tournée vers autrui !

Décembre 2020

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Effondrement-reconstruction.

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La situation actuelle, jamais connue dans l’ère moderne, ébranle les esprits. C’est le moins qu’on puisse dire. On s’interroge craintivement. On essaie de trouver des raisons d’espérer ou de critiquer. On critique tel ou tel, à tort et à travers, sans bien savoir à qui s’en prendre vraiment. Est-ce lui ou un autre….introuvable ? On voudrait trouver un visage aux grimaces malveillantes pour pouvoir déverser sur lui tout le mal qui nous afflige. C’est le mécanisme bien connu du bouc émissaire, chargé de porter tout le poids du mal afin d’en être soi-disant débarrassé.

En réalité, cela ne marche pas. Il est inutile de fonctionner de la sorte. C’est le premier enseignement que l’on peut tirer de cette crise sanitaire. On ne peut trouver de responsable avéré, mieux vaut se tourner vers autre chose qu’un prétendu responsable. Mais qui a causé cet affreux microbe ?

C’est comme le mal dans le monde. On ne sait d’où il vient, mais il est bien là.

La Bible parle de fléaux envoyés par Dieu dans le monde pour secouer l’humanité dans son inconscience, pour qu’elle reprenne conscience. Ce covid ressemble bien à l’un de ces fléaux. On n’aime pas penser à Dieu sous l’angle d’un être puissant venant ébranler le cœur et l’esprit des humains. On le trouverait implacable, malveillant en pareil cas. Il n’est pas tel, bien sûr, mais il est un Père qui rappelle par des injonctions et de sévères semonces qu’il nous faut revenir à lui de tout notre cœur, comme le répètent à l’envi les prophètes de la Bible. On n’aime pas approcher ce Dieu là. On préfère celui qui aurait des manières plus douces, plus amènes, plus précautionneuses. On n’aime pas en général celui qui secoue avec une certaine vigueur. En fait, le péché et le mal ne sont pas doux, mais brutaux, et , pour en avertir et s’en écarter, il faut user parfois de moyens vigoureux et frappants, car l’enjeu est de taille. On aimerait une conversion pas trop dérangeante. Aujourd’hui, le temps est venu de la conversion généralisée. Le coût est considérable et va loin.

Ce rappel que nous vivons prend la forme d’un appel venant de Dieu pour que nous reprenions conscience des graves enjeux auxquels le monde est en butte aujourd’hui. Il nous faut résolument revenir à nous et à Dieu pour renouer avec le lien d’Alliance avec lui qui tisse toute l’histoire des hommes. Beaucoup de comportements aujourd’hui dénouent ce lien d’alliance avec Dieu. On exploite la terre et ses ressources comme si les droits prioritaires de Dieu sur sa création n’étaient pas d’abord à respecter. On prétend mettre au monde des enfants sans en référer à Dieu, donateur de vie essentiel, et comme si on pouvait faire tout ce qu’on veut de la vie, mise à notre disposition, mais pas à notre discrétion. On brutalise ici ou là des humains au nom de prérogatives nationales qui n’ont pas à se revendiquer prioritaires. On accapare les richesses d’un côté et, de l’autre, bon nombre restent affamés et meurent comme de pauvres bêtes abandonnées et dénuées d’ intérêt. Voilà quelques aspects du mal, et de notre complicité avec lui, car ces méfaits ne découlent pas de la responsabilité de quelques-uns, mais de la conscience de tous.

Ces maux généraux sont faciles à repérer. Les médias en parlent abondamment. Leur risque est que ce général reste généralité et ne concerne guère le particulier que je suis. Eh bien, ils concernent tout un chacun. Une parole agacée contre les migrants qui viennent nous prendre nos richesses nationales, par exemple, alimente l’égoïsme des nations. Un refus de donner un peu de mes richesses personnelles alimente l’inégalité au plan des nations et des relations internationales. Une consommation inattentive, un gâchis par rapport à tel ou tel bien, entretient l’épuisement des ressources au plan global, etc…Les maux généraux viennent de l’égoïsme inattentif de particuliers, et du mien particulièrement. Tout mal a sa source dans des comportements particuliers exigeant à son niveau une conversion. Avant de fustiger le mal dans le monde, fustigeons les insensibilités de notre propre cœur et rendons-le plus sensible.

 Si Dieu n’ est pas la cause de ce fléau, il s’en sert comme d’un avertissement, pour appeler les hommes à retrouver la conscience d’eux-mêmes, et à renouer avec l’Alliance en Dieu en changeant de comportement à l’égard du prochain. Il ne peut y avoir de doute là-dessus. Dieu se sert de ce méfait pour avertir les hommes de changer de cap. Ce qui s’effondre est porteur de nouveauté de vie pour peu qu’on revienne à soi de tout son cœur et son esprit. Ainsi, ce temps, au lieu d’un malheur, devient vraiment bénéfique. C’est en changeant de cœur (et d’esprit) que le covid disparaitra mais pas avant, semble-t-il .-

Juillet 2020

 

Le mystère de la Vie.

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J’ai été impressionné par la pensée d’un philosophe français, aujourd’hui décédé, et qui a découvert la foi chrétienne en lisant l’évangile de Saint Jean, Michel Henry. Son approche fait comprendre que nous recevons une Vie, insufflée par Dieu, qui n’est pas réductible à la vie telle que nous la concevons couramment. Cela fait penser à ce que disait un poète, je pense, Baudelaire : « La vraie vie est absente ». Certes, elle l’est, comme elle est présente en nous et donnée par Dieu, mais tellement vaste qu’elle échappe à nos perceptions habituelles, et que le péché courant est de vouloir la réduire à ce que nous voudrions qu’elle fût, une satisfaction à tous nos désirs, y compris les plus sensitifs.

Dieu, comme le dit le « Prologue » de l’évangile de Saint Jean, est Vie. Le Verbe est l’expression parfaite de cette Vie. En Lui , nous recevons et pouvons contempler la Vie plénière, en laquelle aucun manque de vie, aucun non-être n’existe. Nous pouvons pleinement nous assimiler à Elle, en la contemplant, en l’expérimentant sienne au profond de soi. De cette plénitude, dit Saint Jean, nous avons tous reçu, grâce sur grâce. Comment la recevons-nous, nous qui l’avons déjà reçue en naissant (sinon nous ne serions pas nés) ? En devenant enfants de Dieu, c’est-à-dire, entièrement réceptifs à ce qui nous fait vivre, aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Etre réceptifs à ce que nous recevons pour vivre et exister est la tâche primordiale à laquelle nous devons être attachés. Nous sommes enfants de Dieu, mais nous avons encore à nous rendre réceptifs à l’Esprit de Dieu pour l’être pleinement, sinon nous nous retrouvons partagés entre des volontés particulières et l’obéissance à Dieu en qui réside l’être, la vie et le mouvement.

Saint Jean parle de l’être charnel opposé à l’être spirituel. Faute de vivre selon l’Esprit nous poursuivons toutes sortes d’appétits que nous prenons pour la vie véritable alors qu’elle n’en est que le simulacre ou des chimères. La vie du monde, que nous appelons « vie », consiste à vouloir posséder ceci ou cela comme solutions à nos manques. La Vie, donnée par Dieu, qui en est Source inépuisable, est plénitude, surabondance, eau jaillissante en vie éternelle. Elle est sûr appui, car absolue et non relative et provisoire comme le sont la plupart de nos désirs.

Tous les saints, un jour, ont ressenti que leurs désirs de mondanité, de gloire et de succès, étaient entachés d’inutilité et de vanité, et ils ont voulu que leur existence soit désormais consacrée au plus utile ; leur cœur a été bouleversé, brisé par la pénurie des pauvres, des malheureux, des démunis et des pécheurs. Un jour, ils ont découvert qu’il valait la peine de se consacrer à la vraie Vie, et qu’elle n’était pas suffisamment en Vie à l’intérieur d’eux-mêmes. Ils sont devenus avides de la vraie Vie. En effet, la mondanité, selon Saint Jean, c’est la vie atrophiée, diminuée, les choses vues sous l’angle des représentations.

C’est sur ce point que la pensée de Michel Henry m’a profondément touché. La vie du monde fonctionne par représentations. C’est ainsi qu’elle opère. Par la représentation, les choses que l’on désire posséder sont mises devant soi et objectivisées. Je veux faire un voyage à tel endroit (au Brésil par exemple) et je concentre en représentations ce que je cherche à atteindre, selon un certain nombre de projections qui sont supposées pouvoir me satisfaire (Lieux évoqués par des photos et des enquêtes, coûts supposés, endroits que je visiterai et qui me dépayseront pour ma plus grande satisfaction. Quant aux obstacles que je rencontrerai, ils ne font pas partie du voyage. Je les élimine a priori de ma pensée. Et s’ils adviennent, ils se présenteront comme des contrariétés à mes désirs, comme des empêchements compromettant le bien-être recherché et représenté). Il en va de même des personnes. Je les représente et ne les rencontre pas, dans le régime du « monde ». Il me faut passer avec elles de l’image extérieure à la rencontre intersubjective. Le « monde », pour Saint Jean, c’est celui des représentions englobant la plupart des projets humains, de leurs projections, de leur façon d’aborder la réalité et de l’utiliser.

La Vie, la vraie, l’absolue selon Saint Jean, n’est pas saisie de cette manière. Elle éprouvée sans médiation d’image. Elle se donne en ce qu’elle est, en surabondance, en flot impétueux. Il appartient à l’homme visité par elle de se laisser atteindre sans nul truchement d’autre chose qu’elle-même. Les mystiques le savent. Quand cette Vie s’empare de sa subjectivité, il est visité par l’expérience d’une joie ineffable, d’une surabondance. Ses sens sont comme submergés et implorent le Seigneur de modérer ses effusions tant elles sont puissantes et bouleversantes. C’est l’expérience sans aucune représentation de cette Vie. Elle est la Vie éprouvée au plus prés de ce qu’elle révèle d’elle-même. C’est l’automanifestation de la Vie même. Automanifestation donnée sans limite de représentation la travestissant.

Il est important de distinguer ce qu’est la vie en représentations, selon la modalité de ce que Saint Jean appelle « le monde », et l’effusion de la Vie plénière et véritable telle que nous pouvons la recevoir dans la pleine ouverture et réceptivité du cœur et de la sensibilité, dans son autorévélation éprouvée.

Il en découle toutes sortes de conséquences, la première étant que ce ne sont pas nos déceptions qui signalent l’absence de la vraie Vie puisqu’elle est autre, mais nos défauts de réceptivité à son égard la cherchant ailleurs qu’en elle-même.

Souvent, on recherche la vie là où elle n’est pas : elle n’est qu’avec et en Dieu. La cherchant là où elle n’est pas vraiment, l’homme est insatisfait de sa vie sans savoir pourquoi. Vivant de la réceptivité à cette Vie, la seule vraie et authentique, celui qui la reçoit est de plus en plus habité et nourri par elle. Il est rempli de l’Amour sans mesure se livrant de plus en plus à mesure qu’il est davantage accueilli. Il fait entrer dans l’espace infini de l’Amour.

Mai 2020 

 

La communication sociale a agité en tous sens la question que tout le monde subit aujourd’hui, celle de la pandémie.

 

Posons-nous donc certaines autres questions que nul n’ose se poser, apparemment, sinon secrètement, et sans avoir envie que ça se sache trop fortement et nettement. Où est Dieu dans cette histoire? La première réponse qui arrange tout le monde consiste à dire : Dieu n’a rien à voir là -dedans. Ce sont des causes naturelles qui créent cette pandémie. Tout le monde se réfugie dans cette réponse totalement inadéquate.

 

La réponse croyante devrait s’acheminer vers autre chose. Dans la Bible, il y a de multiples fléaux (les plaies d’Egypte, le déluge, les tremblements de terre, les tempêtes, les cataclysmes) °. La Bible, autrement croyante que bon nombre aujourd’hui, attribue à Dieu la venue de ces fléaux. En effet, nous croyons en un Dieu créateur. Rien de la création ne lui reste étranger. On voudrait un Dieu bien tranquille dans son espace céleste, n’intervenant nullement dans le cours des choses, dans les troubles météorologiques, dans les tremblements de terre, etc. Je remarque simplement que, dans la Bible, il est constamment dit que Dieu parle dans ces évènements, y compris climatiques, et qu’il en est l’auteur.

 

Nous ne savons pas si Dieu est responsable direct de ces déclenchements calamiteux ou si ce sont les forces du mal opposées à Lui qui agissent et dont Il se servirait pour avertir les hommes de revenir à Lui. Mais, peu importe, car si ce n’était pas Lui qui était l’auteur de ces troubles mais des forces opposées à Lui (diaboliques), Il n’en serait pas moins l’acteur principal en permettant qu’ils se produisent. Etant Dieu Tout-Puissant, Créateur de toutes choses, Il pourrait arrêter le cours de ces perturbations qui affectent tous les humains. Il pourrait mettre rapidement un terme à leur nocivité et à leur propagation. Evidemment.

C’est pour cela que, traditionnellement, il est dit de prier Dieu en pareille circonstance pour qu’Il stoppe la propagation des épidémies, car on sait dans la foi qu’Il a pouvoir sur toutes choses. L’a-ton fait, au cours de cette épidémie ? On n’en a pas entendu parler. Probablement ça s’est fait, mais sans le publier, sans que ça se sache, car, aujourd’hui, il n’est plus possible d’affirmer des choses pareilles sans être couvert de moqueries, de sarcasmes et de railleries. Donc, tout le monde se tait. Et on préfère parler des gestes de solidarité qui animent les soignants et les voisins. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas tout non plus.

 

La deuxième chose à faire, en pareille circonstance, c’est de jeûner, de prier (pour que ce malheur s’éloigne. Dieu en a le pouvoir, bien sûr). Et que l’on se convertisse, car ces fléaux, dans la Bible, sont des appels à la conversion. A travers ces évènements, Dieu fait entendre un message de conversion. C’est du moins comme cela que les choses ont toujours été comprises dans la tradition biblique et chrétienne.

 

Cela, croyants ou incroyants l’ont compris. Tout le monde dit, il faut changer nos manières de vivre et de faire, moins dispendieuses, moins dépensières, plus sobres, moins inégalitaires. Ça veut dire que l’appel à la conversion a été bien entendu, et que tout le monde l’entend. Mais attribuer à Dieu ces appels n’est pas encore le fait de tout le monde. Tant s’en faut. C’est aux croyants d’avoir le courage de dire que le message de Dieu est bien reçu ainsi que ses appels, à travers ce méchant corona virus qui atteint toute s nos existences et notre bien-être habituel. Il faut sortir de ce confort pour s’ouvrir à l’appel qui se fait entendre avec vigueur. Cessons de nous boucher les oreilles et de mettre Dieu en confinement, hors course. C’est bien Lui qui doit sortir du confinement en tout premier, nous guidant comme un bon berger vers les gras pâturages et les eaux du repos (Ps.22).

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