Chers amis, 

Qu'est-ce qu'être humain ?

C'est essentiel de le savoir puisque nous en sommes tous, nous relevons tous de l'humain. Il faut donc savoir ce qu'il a en lui pour pouvoir l'être.

De l'humain nous savons ce qu'il nous permet de faire : mettre en pratique ce que nous désirons faire, le réaliser en adéquation la plus fidèle que possible avec ce que nous avons conçu et avoir assez de volonté pour surmonter les obstacles qui se présentent. C'est l'homme désirant, actif, individuel, décisionnel, pratique. 

L'homme moderne pense souvent que c'est suffisant d'être humain comme cela, même certains parmi ses proches lui rappellent qu'il doit freiner ses volontés et ses désirs pour les accorder à d'autres qui ne voient pas les choses comme lui, ni leur exécution comme lui l'avait pensée au départ. Les autres se présentent alors comme des occasions de confrontation freinant les mises en pratique souhaitées.

Il y a une autre dimension de l'humain dont on prend conscience aprés-coup, alors que c'est avant qu'elle aurait due être mise en place. La confrontation fait prendre conscience qu'avant moi, il y a l'altérité et qu'elle n'est pas un frein mais qu'elle m'établit dans mon humainté et même qu'elle l'instaure.

Avant moi,il y a les autres et il y a l'Autre que l'on nomme Dieu ou l'Eternel. A la source de l'existence humaine il y a une relation, et puis des relations, ne serait-ce qu'à l'égard des parents qui répondent de nous jusqu'à ce que nous puissions répondre de nous-même sans eux, au moins civilement.

L'autre dimension, que l'on a tendance à oublier, c'est celle de l'accueil, de la susception, de la réceptivité.L'humain est un être avant tout réceptif. On peut avoir des idées formidables et apparemment excellentes, et vouloir les réaliser mais si beaucoup s'y opposent, ce n'est pas nécessairement qu'ils sont retardataires (ça peut l'être), c'est aussi pour rappeler qu'avant de vouloir telle ou telle chose, l'homme (la femme) doit accueillir.

On  trouve dans la sensibilité humaine cette priorité à accorder à l'accueil. On ne peut agir sur une chose que d'abord en l'accueillant. On ne peut agir sur une personne qu'en l'ayant d'abord accueillie dans ce qu'elle manifeste d'elle-même et non dans ce que je conçois d'elle sans l'avoir accueillie. On ne peut être fils ou fille de Dieu qu'en ayant d'abord accueilli la Vie de Dieu venant en soi et lui acordant l'existence.

Cette question de l'humain est évidemment de toute première importance. Je ne peux être qu'en accueillant l'Autre, les autres venant en moi et m'habitant à l'intime de moi-même.

Dans les sociétés, cela a une forte implication. Des volontés de dirigeants autocratiques engendrent des guerres et des conflits interminables. Une société trop uniquement productrice et consommatrice est déréglée. Elle s'élève et se grandit en prenant en considération l'environnement, la qualité des relations, l'abolition des injustices, des séparations, le souci des pauvres, la compassion. Pour bien des raisons, les sociétés perdant la dimension d'accueil, par souci d'être les plus performantes économiquement et financièrement, se détériorent et ne retrouvent leurs bases et leur socle qu'en misant sur un humain complet et non sur un humain uniquement économique et égocentré.

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                                                                                             Frère Ephrem, Avril 2025.